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Recension du n°81 du magazine Carto spécialisé dans la géopolitique. Il présente un dossier autour de l’alimentation à l’échelle mondiale. Ses rubriques d’actualité s’intéressent à chaque continent avec une carte détachable sur l’industrie du vêtement. Son « œil du cartographe » s’intéresse à la carte comme instrument politique entre Israël et Palestine. Un dossier sur l’environnement s’intéresse au pergélisol. Enfin l’histoire des cartes s’intéresse à la guerre du Pacifique (1941-1945) et explique pourquoi les cartes anciennes sont rares.


Au sommaire de Carto

DOSSIER ALIMENTATION : par Philippe Ducroquet et Jean-Paul Charvet

Le monde face à la crise alimentaire

L’ACTUALITÉ VUE PAR LES CARTES

Europe : Azerbaïdjan : au pays des Aliyev / Finlande-Russie : géopolitique d’une frontière qui se ferme / E-sport : la géopolitique mondiale en jeu vidéo / L’Allemagne et la Chine : entre partenariat et méfiance

Asie-Océanie : Le train, au cœur des rivalités des nouvelles routes de la soie / L’océan Indien est-il indien ?

Moyen-Orient : Alimentation : le Moyen-Orient face à la faim / Guerre de Gaza : avec ou sans le Hamas ?

Enjeux internationaux : L’industrie du vêtement : championne économique, ogre écologique

Amériques : Canal de Panama : un passage sans eau / Fracture socio-économique sur Hispaniola

Afrique : Coup d’État au Niger : un « effet domino » au Sahel ? / Les Shebab de Somalie, entre djihadisme et mafia

L’ŒIL DU CARTOGRAPHE par David Lagarde

Israël-Palestine : la carte comme instrument politique

ENVIRONNEMENT

Le pergélisol : témoin d’une planète bouleversée

HISTOIRE par Alban Berson
Pourquoi les cartes anciennes sont-elles si rares ?

LES GRANDES BATAILLES par Frédéric Miotto 
La guerre du Pacifique, décembre 1941-septembre 1945

TRÉSOR DE CARTE

LA CHRONIQUE DU GÉOHISTORIEN par Christian Grataloup
L’« antivax » ou l’allergie à la campagne

VU D’EN HAUT par Camille Escudé
Terre Adélie : entre recherche et enjeux géopolitiques


Le dossier sur l’alimentation

Le dossier sur l’alimentation de Carto revient sur la question de la faim : si celle-ci a diminué jusqu’en 2015, la crise du Covid et la guerre en Ukraine (entre autres) ont inversé la balance. La sous-alimentation a progressé en Afrique subsaharienne, en Amérique latine et en Asie. De plus, la demande alimentaire augmente à cause de trois facteurs : l’augmentation de la population (8 milliards en 2023), l’urbanisation du monde (57% de population urbaine en 2022) mangeant les surfaces agricoles, et l’augmentation du niveau de vie des habitants qui permet à ces derniers de consommer davantage de viande, et les céréales produites sont de plus en plus destinées à l’élevage.

Le dossier met en avant des données chiffrées pour expliquer les dynamiques des surfaces productives. Les surfaces agricoles représentent 33% des terres émergées : 10% pour les terres cultivées (en augmentation), 23% pour les pâturages naturels et parcours de bétail (en stagnation). Les surfaces forestières représentent 27% des terres émergées, en diminution. Les surfaces impropres à l’agriculture représentent 40% des terres émergées.

Ce n’est pas l’augmentation des surfaces cultivées qui augmentent le taux de production alimentaire, mais plutôt l’accroissement des rendements par hectare et l’intensification des techniques de production. Ces surfaces cultivées appartiennent majoritairement à l’agriculture paysanne, familiale avec une production d’autosubsistance : cette agriculture occupe 85% des exploitations mais seulement pour 14% de la surface totale agricole occupée. Ce type d’agriculture tend à disparaître au profit de l’agriculture marchande et surtout des agroholdings industriels et financiers (0,5% des exploitations qui occupent 20% des terres). Le nombre d’agriculteurs tend à diminuer, tant en chiffre brut qu’en taux de population active.

Enfin, ce dossier revient sur l’agriculture en tant qu’objet géopolitique : Brésil, Russie et Inde, puissances des BRICS, représentent non seulement les plus grandes parts de la population, mais utilisent aussi comme solution la guerre des grains et peuvent jouer sur l’insécurité alimentaire comme arme.

Au passage, une double page est consacrée à la dépendance alimentaire du Moyen Orient, notamment du Maghreb.



Niger et Somalie : entre coup d’État et djihadisme

Parmi les articles d’actualité, j’ai particulièrement apprécié les pages sur le Niger et la Somalie. Le Niger est un pays d’Afrique qui a subi un coup d’État de la part des militaires, à la suite du Mali et du Burkina Faso. La junte militaire change de stratégie : dénonçant le partenariat français et les conventions minières des entreprises françaises, le Niger se tourne vers d’autres États dont la Russie dans l’objectif, dit-il, de mieux se défendre contre les djihadistes. C’est tout le contraire qui se produit, jamais la population ne fut autant attaquée ces dernières années depuis le pustch.

Pour la Somalie, l’article s’intéresse aux Shebab nés en 2006 : des djihadistes qui ont pris le pouvoir dans une grande partie sud du pays. La Somalie est un État qui s’est effondré suite à la guerre civile qui a eu lieu à partir de 1991. Au sud du pays, les Shebab sont puissants et organisés : grâce au trafic de contrebande, aux armes livrées par le Yémen et l’Iran, et à leurs checkpoint qui permet de capter de nombreux argents des commerçants, ces hommes armés sont puissants et mettent l’État en déroute.



Le pergélisol et les cartes anciennes

Deux autres dossiers sont intéressants. Le dossier environnemental s’intéresse au pergélisol : cette glace qui ne fond pas et qui se situe dans les cercles polaires ou encore en montagne tend à subir les effets du changement climatique. Elle fond de plus en plus et risque de provoquer des catastrophes naturelles, de libérer d’énormes quantités de CO2 et de méthane, voire de libérer des virus ou bactéries dangereux.

Quant au sujet des cartes anciennes, Alban Berson nous explique pourquoi les cartes des grands explorateurs des XVIe-XVIIe siècles, qui ont explosé en nombre grâce aux grandes découvertes, ont peu survécu jusque nos jours. Des catastrophes naturelles, la discrétion de cet outil stratégique ou l’usure sont des motifs expliquant pourquoi nous conservons peu de ces trésors si rares.

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