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Attiré par une couverture magnifique et un synopsis au genre plus noir que mon habitude, la lecture de Peter Farris me laisse un goût un peu amer. Contrairement à l’avis général, son roman Le Diable en personne ne m’a pas convaincu à cause d’une trame narrative peu construite.


Ils vont s’en aller, le rassura-t-il. Les moucherons, c’est un signe que si y a un Dieu, il aime bien se marrer un peu sur notre compte.

Le Diable en personne (Peter Farris)

Le Diable en personne


Auteur : Peter Farris

Éditeur : Gallmeister, collection Totem

Genre : Polar

Sortie : 2019

Nationalité : Américain

Pages : 272 pages

Résumé : En pleine forêt de Géorgie du Sud, au milieu de nulle part, Maya, dix-huit ans à peine, échappe de justesse à une sauvage tentative d’assassinat. Victime d’un vaste trafic de prostituées géré par le redoutable Mexico, elle a eu le malheur de découvrir les sombres projets d’un « client » haut placé. Son destin semblait scellé, mais c’était sans compter Leonard Moye, un type solitaire et quelque peu excentrique, qui ne tolère personne sur ses terres et prend la jeune femme sous sa protection. Une troublante amitié naît alors entre ces deux êtres rongés par la colère.

Note : 2.5 sur 5.

Un polar multiplement récompensé

Trophée 813 du meilleur roman étranger 2018, Grand Prix du Roman Noir Étranger du festival de Beaune 2018, Finaliste du Grand Prix de Littérature Policière 2018, Sélection du Prix SNCF du Polar 2018. En voici toute une collection de titres pour Le Diable en personne de Peter Farris ! Les critiques sur le site de Babelio sont d’ailleurs majoritairement très positives, pourtant me voilà avoir été peu transporté par ce roman de l’auteur américain.

Pourtant, le synopsis m’avait convaincu. Une jeune fille victime d’un proxénète, Mexico, qui gère un cartel entier et qui fait profiter de ses filles à des hommes importants, riches mais surtout avec du pouvoir. Rien de bien original, rien d’extravagant, mais le récit d’une vie tourmentée qui s’échappe de son Enfer et rencontre un mystérieux et vieux personnage prêt à l’aider donne envie d’en démêler l’intrigue ! En lisant les commentaires positifs, le développement de la psychologie des personnages est avancé. Je me rends bien que compte que Peter Farris a donné à son personnage Maya un profil très honnête. Victime, elle a grandi toute son adolescence aux ordres de ses clients et que si on voit que l’effroi s’empare d’elle à chaque fois qu’un homme veut la toucher, on ressent que l’habitude lui laisse s’abandonner à celui-ci, comme une emprise qui dure depuis tant d’années. Quant à Léonard Moye, ce vieux solitaire qui va venir l’aide, Peter Farris lui a donné une image originale, le dépeignant comme un débrouilleur, qui sait vendre de la contrebande ingénieusement, et qui bizarrement vit avec un mannequin qui l’emmène partout. Si certaines scènes peuvent prêter à l’humour selon certains, je renvoie ça vers le sentiment de l’étrange, qui n’est ni moins bon, ni meilleur. J’ai bien aimé d’ailleurs l’ambiance des terres dans lesquels nos personnages vont vivre. Sur les personnages et le lieu principal de l’histoire, Peter Farris s’en sort.

Maya réalisa que c’étaient toujours les « normaux » qui représentaient le plus grand danger, des nantis qui régnaient sur l’univers avec cette idée perverse que tout leur était dû. Avocats et cadres, conseillers municipaux, acteurs et athlètes épris de leur reflet dans le miroir. Maya ne connaissait pas le mot sociopathe, mais elle savait que c’étaient ces types-là qui s’en sortaient le mieux dans la vie et qui portaient les secrets les plus sombres, les plus lourds.

Le Diable en personne (Peter Farris)

Une intrigue qui ne tient pas !

Ce qui m’ennuie certainement est bien l’intrigue. Maya est une fille persécutée, vendue à de multiples clients depuis sa puberté (parmi d’autres filles) jusqu’à ce qu’un homme, le Maire (parce que maire d’une très grande ville) s’éprend pour elle et en fait « sa » Maya. L’histoire débute ainsi : dans le coffre d’une voiture emmenée par deux loubards, elle est destinée à se faire tuer. On apprendra plus tard qu’elle en savait trop pour qu’elle survive malgré l’affection du Maire pour elle. Dans ce cadre, Peter Farris nous fait questionner sur les secrets que Maya sait ! Lesquels sont-ils ? Il n’en donnera rien. En réalité, Peter Farris veut faire tuer son personnage car la mémoire de Maya est excellente, elle retient tout ce qu’elle entend et lis. Mais peu importe, que ce soit Maya ou l’autre vingtaine de fille que possède Mexico, chacune en savent assez pour envoyer le Maire et les autres puissants en prison. Alors pourquoi tuer Maya et pas chaque fille une fois utilisée ? Voilà mon gros point de déception car l’existence de l’intrigue part du principe que Maya cache quelque chose d’important alors que Peter Farris n’en fait rien dans Diable en personne !

Je ne compte plus d’ailleurs les idées lancées, qui n’ont pas été développées, bien acheminées ou même finalisées. Dans son Diable en personne, Peter Farris a manqué de donner du lien. Pourquoi avoir écrit que deux personnages ont le même père s’en au moins s’en servir pour écrire deux caractères opposés, une amitié incongrue ou une rivalité ? Pourquoi le vieux Léonard Moye a menti auprès de Maya à propos de son secret qu’il lui a avoué ? Pourquoi avoir fait naître une relation entre la femme de Léonard et le frère de celui-ci ? Beaucoup d’idées sans intérêt, comme si l’écriture fut précipitée.

Des personnages mal développés et des descriptions futiles

Si les personnages de Maya et de Léonard Moye sont bien écrits, les autres sont particulièrement décevants. Clairement, dès le début du Diable en personne, il y avait bien trop de personnages pour des caractères trop peu décrits. Ainsi, je les confondais ou je ne savais plus dans quelle scène je les avais repérés. Seuls Maya, Mexico, Léonard et le Maire furent faciles à retenir et un tant soit peu développés. Reste que Mexico, par la puissance préalablement développée, est un personnage dont la fin est décevante. Quant au flic, Jack, faisons l’histoire sans policier, elle n’en sera que pareil. Au-delà de la confusion des personnages, l’intrigue finalement est courte. Peter Farris présente dans ses chapitres un entremêlement de personnages : tout à coup nous suivons Léonard Moye, puis Maya, puis le Maire… Il y a souvent beaucoup de répétitions car le souhait de l’auteur à vouloir dynamiser l’action le pousse à alterner les points de vue, et à se répéter pour ne pas perdre le lecteur. Résultat mitigé pour la dynamique. Surtout, point noir du livre également, il y a beaucoup trop de descriptions inutiles. Peter Farris devrait davantage développer ses personnages et leur caractère que de perdre son temps à signer des lignes futiles.

En résumé, Le Diable en personne de Peter Farris ne m’a pas convaincu. D’abord et surtout par son intrigue dont le postulat est très bancal. Puis, les personnages mal développés et les détails futiles compromettent une lecture rapide : je me suis retrouvé à m’endormir à moitié en lisant. Cependant, on peut se plaire à suivre le développement des deux personnages principaux et leurs tares psychologiques. Premier rapport décevant avec une collection qui présente des couvertures pourtant remarquables. Le roman a au moins l’avantage d’être une diatribe d’une certaine société, celle des nantis politiques et financiers intouchables commettant du trafic d’êtres humains.

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