Jusque-là, nous avons considéré Homo sapiens comme le premier artiste grâce à ses réalisations artistiques datant d’il y a 30 000 ans, de ses fresques figuratives représentant des animaux dans les grottes de Lascaux ou de Chauvet. Une découverte et des recherches bousculent cette thèse et font peut-être de Néandertal le premier artiste. Les recherchent se produisent dans la grotte Roche-Cotard en Indre-et-Loire. Une grotte découverte en 1912 lors d’une promenade du propriétaire foncier, pensant que son chien reniflait un terrier de lapin, il découvre et descend dans une grotte, vite oubliée. En 1974, le préhistorien Jean-Claude Marquet retrouve dans des archives la mention de cette grotte. Bien qu’il y découvre des gravures, il n’a pas les moyens de les étudier – mais y revient 50 ans plus tard. Voir le documentaire sur Arte.
Comment savoir que les traces géométriques sont de nature anthropique ?
Jean-Baptiste Fourvel, spécialiste des traces pariétales d’origine animale.
- Un panneau de la grotte (dont les traces sont en forme de losange) sont des traces de l’ours des cavernes.
- Les autres panneaux semblent relever de traces de l’Homme car ces traces sont trop organisées, symétriques, ont une régularité dans la force utilisée ou l’outil, cela demande de puissantes capacités cognitives.
En conclusion : le tracé de la majorité des panneaux est d’origine humaine.
Comment ont été réalisés ces tracés ?
Après expérience avec outils pour reproduire ces tracés, les experts ont remarqué que ces tracés géométriques ont été produits directement au doigt : ce sont des tracés digitaux. De l’art abstrait qu’Homo Sapiens produisait déjà.
Ces tracés ont-ils donc été fait Homo sapiens ?
Pour savoir qui a réalisé ces tracés géométriques, il faut les dater. Lorsque des matériaux organiques sont utilisés, les scientifiques utilisent la méthode du carbone 14. Ici, c’est impossible. Avant sa découverte, la grotte était obstruée par deux sources de sédiments qui ont déposés : d’abord par la Loire, puis par le plafond de la grotte. Les dessins n’ont pu être réalisés que lorsque la grotte était ouverte, logiquement. Pour dater les dessins, il suffit donc de savoir au moins quand la grotte fut obstruée. Les scientifiques auront donc une date minimum. La méthode utilisée est celle de l’OSL ou LSO (datation par luminescence stimulée optiquement). Elle mesure le délai qui s’est écoulé entre un matériau et sa dernière exposition à la lumière du jour. Après expérience, les tracés ont 60 000 ans, une époque où ne vivait en France que Néandertal. Cela fait de la grotte de la Roche-Cotard la plus ancienne grotte ornée du monde.
Quels objets archéologiques ont été retrouvés à proximité du site ?
A l’entrée du site, il y avait des outils taillés par l’Homme qui servait à gratter et travailler la peau d’animal. La technique de débitage des pierres retrouvées sont caractéristiques de l’Homme de Néandertal (en Eurasie de -300 000 à -30 000). Surtout, les préhistoriens ont retrouvé un objet étonnant : une pierre façonnée avec un os bloqué au milieu semblait représenter une face humaine. La pierre a-t-elle été façonnée naturellement ainsi, ou est-ce une construction humaine ? Les experts ont découvert presque une dizaine de point d’impact, signe qu’elle est taillée. L’os a été bloqué de façon volontaire par des morceaux de silex. Enfin, la pierre date de 60 000 ans.
Quel statut accordé aux tracés, est-ce de l’art ?
Les tracés géométriques relèvent du registre symbolique. Ce ne sont pourtant pas des tracés figuratifs, mais des tracés tout de même volontaires, recherchés, construits. Sauf que la pierre façonnée est de l’art figuratif…
Les Chroniques de Jérémy Daflon 
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