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L’Animal est un sujet qui traverse les époques. L’évocation du loup, du cheval ou du dromadaire nous fait voyager à travers le temps et l’espace. Animal du passé, animal du présent. Qu’il soit sauvage, domestique ou imaginaire, les Hommes se sont représentés, ont utilisé, ont domestiqué, ont chassé l’animal à des fins diverses et variées. Dans ce livre compilant tout un panel d’articles des magazines de L’Histoire écrit par des spécialistes du sujet, Eric Baratay nous présente une mosaïque d’animaux et leur lien à l’Homme.


Cadre du livre Les Animaux dans l’histoire


Eric Baratay est professeur d’histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire des animaux. Il a publié plusieurs ouvrages sur ce sujet, dont Cultures félines (2021). Le livre ici est une compilation d’articles du magazine de l’Histoire et fait apparaître plusieurs historien(ne)s comme Michel Pastoureau, Daniel Roche, Philippe Contamine, Robert Delort, en tout une quinzaine. Si certains articles paraissent datés, Eric Baratay les corrige en annotation de bas de page.

Ce compte-rendu ne sera pas exhaustif et provient du livre Les Animaux dans l’histoire d’Eric Baratay. Il en reprend les principales idées d’une lecture accessible dès le lycée.


Lecture conseillée et source : Eric Baratay,  Les Animaux dans l’histoire, 1er juin 2023, 288 p.
Livre accessible dès la fin du lycée.


La première partie du livre d’Eric Baratay, Les Animaux de l’Histoire s’intéresse à la rencontre entre l’humain et l’animal. Trois chapitres s’intéressent aux rats à Paris au Moyen Âge, animal commensal et pas vraiment domestiques, à la chasse romaine antique (qu’elle soit sauvage ou dans les arènes) et à l’utilisation des éléphants en temps de guerre, provenant d’Inde, échangés au Maghreb et transportés jusqu’en Europe, où les populations les affrontant en sont fascinées et terrifiées.

La deuxième partie du livre s’intéresse à la domestication de plusieurs animaux : le chien (le premier à l’être), le cheval (puis un autre chapitre étudie son importance au Moyen Âge) et le dromadaire comme animal essentiel dans les territoires désertiques. Après la rencontre, la domestication amène l’Homme à mettre à son service ces animaux – encore aujourd’hui.

La troisième partie du livre se centre donc sur l’élevage des animaux : d’abord les débuts de l’élevage au Néolithique, qui bouleverse le mode de vie humain. S’ensuit une question importante : les Grecs aimaient-ils les animaux ? Bien que sacrifiés aux dieux, cela voulait-il dire que les Grecs faisaient ce qu’ils souhaitaient du bétail ou avaient-ils au contraire un profond respect pour les bêtes ? Au cœur de la France de l’Ancien Régime, le cochon régnait dans les campagnes et dans les villes françaises qui avant d’être entassés comme aujourd’hui connaissaient la transhumance dans les forêts jusqu’au XVIIIe siècle, la fameuse glandée. Enfin, un chapitre qui nous rappelle que malgré l’industrialisation du monde européen et américain, l’élevage et la mise au service des animaux par et pour l’Homme n’ont jamais été aussi forts jusqu’à la fin de la WWII.

La quatrième partie du livre questionne l’imaginaire de l’Homme et est sans doute la plus intéressante. Un premier chapitre compare les différences alimentaires et les débats théologiques à propos des rites alimentaires entre juifs et chrétiens. On regrettera de ne pas avoir de chapitre dédié à l’islam. Quand Michel Pastoureaux s’intéresse au bestiaire du Moyen Âge, il assène une critique violente aux zoologistes qui n’ont pas su tenter de comprendre la pensée culturelle des contemporains, appliquant leurs anachronismes contemporains à l’époque médiévale. Il écrit à la suite un chapitre sur les extravagants procès d’animaux : on rigole bien vite de l’anecdote d’un cochon enfermé dans les geôles, puis jugé au tribunal, défendu par un avocat et condamné… Puis les explications de M. Pastoureaux s’imposent, l’anecdote devient vite une leçon magistrale sur la pensée culturelle et religieuse de l’époque. La chasse à la cour française sous les Bourbons est plein d’enjeux politiques : l’image du roi s’y façonne, lui et ses courtisans de plus en plus nombreux participant à des chasses quotidiennes – mais pas n’importe lesquelles, des animaux et des modes de chasse sont plus prestigieux que d’autres… Enfin, un dernier chapitre excellent sur la constitution du Muséum d’Histoire Naturelle et de sa ménagerie en 1793 sous le Consulat où derrière la République naissante se joue une histoire d’une éducation civique, scientifique, naturelle et culturelle et républicaine des populations habituées à la monarchie ; et d’une concurrence contre l’Angleterre monarchique et rivale.

De prime abord, l’histoire des animaux semble être un champ historique marginal. Il suffit de consulter la bibliographie à la fin du livre d’Eric Baratay (Les Animaux de l’Histoire) pour se rendre compte du nombre de publications récentes à ce sujet – et de l’intérêt porté à cette thématique. Ce livre est une compilation des articles de L’Histoire, il en présente des avantages. D’abord, celui de lire plusieurs spécialistes et de parcourir les chapitres dans l’ordre souhaité, vers tout un panel d’animaux variés, aux régions et aux époques différentes. C’est aussi avoir le choix de la lecture. Il en présente aussi quelques inconvénients : des chapitres sans nécessairement de lien entre eux, avec des trous temporels et géographiques. A l’image des habitudes alimentaires musulmanes alors que sont comparées celles des juifs et des chrétiens, ou encore des territoires peu étudiées telles les Amériques, l’Afrique subsaharienne ou encore l’Océanie. Néanmoins, pour tout profane ou initié de l’Histoire, ce livre est une belle porte d’entrée au champ thématique animalier historique, avec une écriture facile et fluide, pour comprendre des sujets qui nous parcourent au quotidien. Enfin, du fond et des informations à accumuler derrière le chien descendant du loup, les éléphants d’Hannibal, les rats à l’époque de la peste ou les chasses royales. Pas seulement des images, mais des dynamiques et du fond historique autour des pensées, des cultures, des représentations des Hommes qui assimilent ou (surtout) distinguent l’être humain de l’animal.

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