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En kiosque actuellement, le magazine L’Histoire a publié son nouveau numéro hors-série à propos des relations historiques entre France et Allemagne. Je l’ai entièrement lu pour vous, présentation du numéro !


France-Allemagne : l’histoire entre les deux pays


Présentation de l’éditeur : Il y a 60 ans, le traité de l’Élysée scellait l’amitié franco-allemande. Pourtant, l’entente du « couple » n’a jamais coulé de source. Déclarés « ennemis héréditaires », les États voisins ont en effet un passé ponctué d’affrontements, depuis la guerre de Trente Ans (1618-1648).

L’anniversaire se double d’une commémoration : celle de l’occupation de la Ruhr par l’armée française il y a cent ans, en 1923. Les soldats français devaient, dans cette région frontalière, saisir le charbon allemand, qui devait servir de paiement aux réparations de guerre. L’hyperinflation qui s’en suivit traumatisa la population allemande.

Aujourd’hui, l’inflation et la guerre sont de retour sur le continent. Les désaccords sont patents. Mais la France et l’Allemagne continuent de faire front commun.


Construction de l’État-Nation, conflits et réconciliation

Ce numéro de l’Histoire se divise en trois grandes parties. La première s’intéresse à la construction de l’État-Nation en France et en Allemagne. Si le titre du numéro présente « 200 ans de guerre et de passion », les pages reviennent un peu plus tôt dans le passé. D’abord, le traité de Verdun en 843 partageant l’empire carolingien entre les trois-petits fils de Charlemagne. La Francie occidentale et la Francie orientale naissent alors, deviendront par la suite respectivement la France et le Saint Empire. La première voit le renforcement de la figure royale et de l’État à la fin du Moyen Âge et durant l’époque moderne, jusqu’à la Révolution. La deuxième connait un fédéralisme : l’empereur est élu par 7 grands électeurs. Si la France est catholique et le reste par l’édit de Fontainebleau en 1685, le Saint Empire décentralisé est parcouru de régions qui choisissent leur confession (catholique, protestante) durant les bouleversements religieux de l’époque moderne. Cette partie sur l’État-Nation se termine au XIXe siècle quand l’Allemagne, dont son peuple se définit par sa langue partagée, commence à dominer la France après l’échec de Napoléon. Le temps des nationalismes imprègne autant la France que l’outre-Rhin.


Avec Nicolas Beaupré, Johann Chapoutot, Olivier Christin, Corine Defrance, Étienne François, Jean-Michel Gaillard, Marion Gaillard, Michel Kerautret, Mareike König, Gerd Krumeich, Vincent Laniol, Georges Liebert, Thomas Maissen, Hélène Miard-Delacroix, Pierre Monnet, Ulrich Pfeil, Karine Rance, Gérard Raulet, Sylvain Venayre, Jakob Vogel, Bernard Vogler, Thomas Wieder, Olivier Wieviorka, Michel Winock, Andreas Wirsching.

Liste des auteurs ayant participé à l’écriture de ce numéro. Retrouvez le sommaire en détails ici.
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Les conflits entre les deux pays sont au cœur de la deuxième partie du numéro qui représentent la majorité des pages. De manière générale, les Français dominent militairement et politiquement notamment durant l’époque moderne avec une grande victoire finale durant la guerre de Trente Ans. Napoléon sera vainqueur mais défait et durant le XIXe siècle, c’est la Confédération germanique qui domine la France, notamment la Prusse. Les conflits du XXe siècle sont également abordés. Des choix ont été faits, ne pouvant être exhaustifs, les auteurs se sont intéressés uniquement aux causes du déclenchement de la guerre en 1914 et de son historiographie. Pas la peine de chercher du détail sur le front. Point moins connu présenté, l’invasion et l’occupation française de la Ruhr et de la résistance allemande en 1923 qui a provoqué un énorme traumatisme dans la région. D’ailleurs, le numéro de l’Histoire France-Allemagne s’intéresse particulièrement à la région alsacienne et à ses habitants qui ont connu de nombreuses fois son annexion à l’un ou l’autre pays. Enfin, un point aborde le front occidental de la WWII et le point de vue d’Hitler sur l’ouest européen. Hitler ne voulait y combattre, préférant s’intéresser à l’est d’abord, mais le jeu des alliances (notamment le pacte germano-soviétique) et la déclaration de guerre française ont produit ce que l’on connait aujourd’hui. Les conflits ne sont pas les seuls à rythmer le XXe siècle. Un article traite du rapprochement initié entre France et Allemagne durant les années 1920, qui n’a pas réussi et tenu.


Les enjeux politiques ne sont pas l’unique sujet de ce numéro de L’Histoire. Les différences et les partages culturels et scientifiques sont abordés à travers un article sur Mme de Staël qui contribue à la connaissance de la société et de la culture allemande en France sous Napoléon. De la même manière, le duel scientifique Pasteur-Koch fait l’objet d’un article. Sans oublier l’allemand Wagner qui commet sa carrière (compliquée) en France, entre gloire et rejet, sous pression du nationalisme.


La dernière partie du numéro s’intéresse à l’après 1945. Une fois l’Allemagne nazie défaite, la France et l’Allemagne œuvrent à une réconciliation et une coopération économique. Au-delà de la réconciliation, une double-page s’intéresse à la fondation et la construction de l’Europe. Le binôme De Gaulle et Adenauer fonctionnant parfaitement. Quelques focus sont réalisés sur la suite : le point de vue français sur la réunification de l’Allemagne, les divergences qu’ont connu les deux pays à partir des années 1990 et les grands points de débat que connaissent aujourd’hui le tandem franco-allemand (l’énergie, la dette, les migrants…).

En bref, le numéro est fort intéressant. Outre des révisions, il permet d’approfondir ou de découvrir certains points et énumèrent situations et points de vue des deux côtés du Rhin. Le magazine est bourré d’iconographie, avec un superbe portfolio sur l’invasion française en 1923 ou des représentations historiques du Rhin. Des extraits de source sont parsemés ici-et-là. Un numéro qui offre du recul sur ce tandem, confronté aujourd’hui une nouvelle fois à la guerre en Europe et qui à plus long terme sera peut-être moins important dans une Union Européenne qui, si elle est élargie, connaîtra un centre de gravitation plus à l’est – et donc une Europe moins franco-allemande.


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