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H.G. Wells est épatant. En le lisant, on ne peut s’empêcher d’être étonné que les racines de notre science-fiction ont été écrites à la fin du XIXe siècle, et pourtant… Avec sa Machine à explorer le temps qui m’a emmené dans le futur, le vol du microbe qui projette de futures guerres bactériologiques, les Argonautes de l’air qui nous fait rêver d’une conquête de l’air, le voilà désormais aux racines des trous de ver avec L’étrange phénomène.

« C’est surprenant ! On dirait qu’il y a une tache qui s’interpose ici, dit-il, en indiquant un point vague avec son doigt. Je suis sur les rocs, comme d’habitude, et les pingouins se dandinent et s’ébattent comme à l’ordinaire ; une baleine est apparue de temps en temps à la surface… maintenant il fait trop sombre pour l’apercevoir nettement. Mais placez quelque chose là, et je le vois, je le vois très bien ! Par endroits, c’est effacé et vague, mais je le vois tout de même, comme une ombre indistincte. Je me suis aperçu de cela ce matin, pendant qu’on m’habillait. C’est comme un trou dans cet infernal monde de spectres. Mettez votre main tout contre la mienne. Non… pas là… Ah ! oui… je la vois ! Le bas de votre pouce et un manteau de manchette. On dirait un bout du fantôme de votre main qui se projette contre le ciel obscur. Tout auprès, il y a un groupe d’étoiles en croix qui apparaît… ».

Un étrange phénomène, H.G. Wells

L’étrange phénomène


Auteur : Herbert George Wells

Éditeur : RBA Collection

Genre : Nouvelle

Sortie : 1895

Nationalité : Anglaise

Prix : 3.99€ (1er numéro)

Résumé : Un professeur travaille dans le laboratoire de son école lorsqu’un violent coup de tonnerre et la proximité d’un gros électro-aimant le projette sur la plage d’une île tropicale déserte. En réalité, son corps est resté dans le laboratoire alors que sa vision est aux antipodes, évoluant dans les eaux profondes et lointaines, à la rencontre d’éléments marins incroyables et effrayants.


Un raccourci à travers l’espace-temps : être à deux endroits en même temps !

Un étrange phénomène est une nouvelle dont la clarté est remarquable. Déjà, le sujet est lui-même intrigant. Le scientifique Davidson a subi une « aberration mentale » à l’École pratique industrielle de Harlow. Dans son laboratoire, lors d’un véhément orage, celui-ci se retrouve désorienté. Fracassant les objets fragiles dans son environnement, Davidson ne sait plus où il se retrouve car son corps physique ne coïncide plus avec ce qu’il voit. Une fois l’exposition mystérieuse mise en place, Wells utilise son talent de la simplicité pour nous expliquer le phénomène. Davidson serait à deux endroits en même temps grâce à un raccourci à travers l’espace-temps, grâce à une quatrième dimension et un noeud dans l’espace-temps. Ce sont les racines de ce que nous appelons un trou de ver ! Deux points A et B alignés sur une feuille sont éloignés, mais imaginons si cette même feuille est pliée : les deux points se touchent et par l’intermédiaire d’un trou de ver, il est possible d’y passer. Narrativement, Wells explicite à merveille ce propos dans Un étrange phénomène à propos de Davidson, tout en laissant planer le doute fantastique. Je trouve cela admirable de voir une telle histoire produite au début du XXe siècle, mais il faut ajouter également que ces temps-là sont propices aux discussions sur une quatrième dimension.

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