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Chez la librairie Martelle à Amiens, je me suis épris pour le livre Qatar, les secrets d’une influence planétaire ainsi que la bande-dessinée Qatar, le Lustre et l’Orient. La présente actuellement de la Coupe du Monde et mon intérêt pour la géopolitique m’ont poussé à m’intéresser à ce petit émirat sacrément puissant et intrigant.



Qatar : Le Lustre et l’Orient


Auteurs : Victor Valentini (scénariste), Emmanuel Picq (illustrateur, coloriste)

Éditeurs : Delcourt / Encrages

Genre : BD Historique

Sortie : 02/11/2022

Pages : 100 pages

Dimensions : 26,2 x 20,0 cm

Résumé : Culturellement et politiquement, le Qatar est une synthèse ambiguë entre l’Orient et l’Occident. Rattaché à l’empire ottoman pendant des siècles, puis sous protectorat britannique, il acquiert son indépendance en 1971 et a dû composer avec une situation géopolitique complexe qui le rend très vulnérable. Comment ce petit pays richissime a-t-il réussi à tirer son épingle du jeu et à s’assurer un rayonnement mondial ?

Je recommande carrément !


Une histoire du Qatar du XIXe siècle à aujourd’hui en bande-dessinée

Qatar : le Lustre et l’Orient, dont le titre est une référence à l’industrie perlière du Qatar qui a décliné à l’aube de la Première Guerre Mondiale, raconte l’histoire d’une pétromonarchie (royaume dont la puissance est fondée sur l’extraction d’hydrocarbures) qui a su diversifier son économie et son influence à travers des investissements massifs à l’étranger et une diplomatie agressive. C’est une histoire colorée, accessible et véritablement bien dessinée par Emmanuel Picq. Le scénariste Victor Valentini raconte la montée en puissance du Qatar en étant à la fois complet et sans se perdre dans les détails.

Du territoire sous domination ottomane, britannique puis indépendante (1971), la bande-dessinée raconte l’histoire d’un pays et d’une dynastie, les Al-Thani, qui ont dû faire face aux grandes puissances régionales voisines pour se faire une place au Moyen-Orient. Terre d’hydrocarbures mais puissance trop faible face aux convoitises de ses voisins, le Qatar a su se moderniser et se tourner vers les puissances occidentales. Faire du bruit, se faire remarquer, signer des contrats pour être protégé, voici la stratégie du Qatar. Les guerres au Moyen-Orient durant le XXe siècle (guerres israélo-palestiniennes, Iran-Irak, invasion du Koweït) ont renforcé ses liens avec les puissances occidentales.



D’une légende du soft power aux polémiques récentes

Au-delà du seul domaine économique, le Qatar est aussi devenue puissance influente, culturellement et médiatiquement. L’une des plus importantes créations est la chaine télévisée d’Al-Jazeera. Financée par l’Etat et centrée sur le monde arabe, écoutée et regardée par plus d’une dizaine de millions d’habitants, elle permet la libre expression de toutes les opinions, sauf celles qui critiquent les affaires intérieures du pays. Les révolutions du monde arabe en 2010-2011 aussi appelées printemps arabes, celles d’une jeunesse face à la longévité de vieux souverains autoritaires en Tunisie, au Maroc, en Libye, en Syrie, étaient une occasion pour le Qatar de faire peser sa voix. Néanmoins, ses positions et son soutien aux Frères musulmans, parti politique qui souhaite gouverner en respectant radicalement le Livre, l’ont plus isolé qu’autre chose. Sous la pression, et après plusieurs piratages qui ont mis la famille Al-Thani en difficulté, le Qatar a subi un blocus dès 2017 qui a duré plusieurs années. Loin de l’isoler, le Qatar a renforcé ses liens diplomatiques avec d’autres pays tels que l’Iran, la Turquie et le Maroc dans un moment où les États-Unis, protecteur du pays, se retirent de la région.

Pour ne pas dépendre du pétrole, le Qatar a diversifié son économie et a investi dans de grands groupes économiques étrangers. Les pétrodollars ont permis aussi le développement de la culture, de la recherche, du sport au sein du pays mais aussi à l’étranger avec l’achat du PSG ou encore d’athlètes. C’est ce qu’on nomme le soft power, cette capacité d’un Etat a avoir une puissance, une influence, à rayonner autrement que par la voie militaire grâce à sa culture, à son prestige, à son tourisme, à ses informations.

Aujourd’hui, le Qatar fait face à de nombreux défis. Si le pays est le plus riche en termes de PIB/hab (richesse produite dans l’année divisée par le nombre d’habitants), la population décrie l’occidentalisation du pays. Le réchauffement climatique met en danger de nombreux territoires. De plus, une décennie de polémiques met à mal la réputation du pays, que ce soit l’ambiguïté envers les Frères musulmans, les Talibans ou Daesh (prétendument combattus mais probablement soutenus). Ou encore celles des événements organisés comme la Coupe du Monde, son scandale environnemental et la mort de 6500 ouvriers (étrangers) dans le pays. Enfin, les seuls 300 000 nationaux ne permettent pas de développer l’économie, le Qatar doit toujours compter sur l’immigration.

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