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Couverture du magazine Science & Vie de juin 2024, numéro 1281.

Recension du dernier numéro de Science&Vie (juin 2024, n°1281) pour lequel les articles connexes m’ont plus intéressé que le dossier. Le dossier sur l’alimentation bat en brèche quelques idées reçues. Mais sinon, le magazine propose un article sur l’éthique et la morale dans les expériences génétiques en laboratoire, et met en évidence la législation en vigueur. Une double page sur l’obésité dans le monde à travers une infographie est très intéressante. Enfin, de nouvelles recherches sur la ménopause permet de mettre en avant une nouvelle théorie complémentaire à celle de l’effet grand-mère.


Sommaire de Science & Vie de juin 2024 n° 1281


Alimentation : le vrai du faux

Ce dossier revient sur le rôle important de notre microbiote (l’ensemble des bactéries vivant dans nos intestins et qui permettent une bonne digestion des aliments) sur notre santé. C’est-à-dire l’importance d’avoir un microbiote sain pour avoir un corps sain. Comment ? En mangeant beaucoup de fibres, en mangeant sans trop en consommer, de la viande rouge et en évitant les produits ultra-transformés. Il propose quatre régimes non restrictifs mais sains : le régime méditerranéen, le régime atlantique, le régime okinawa, le régime dash. Puis, à travers une liste de questions autour de l’alimentation, le dossier y répond « vrai » ou « faux » en argumentant les réponses, histoire d’éliminer les idées reçues (faut-il se passer de la viande ? le jeûne intermittent peut aider à maigrir ? les féculents font grossir ? ». Enfin, il évoque l’avenir. A l’aide d’algorithme, les États-Unis se sont plongés dans la construction d’une énorme base de données qui pourrait permettre à l’avenir de proposer pour chaque individu le régime alimentaire qui lui correspond. Travail sans doute éternel, il faudra d’abord passer par l’étape de proposer des « groupes ». Ainsi, tel individu disposant d’un microbiote « AC » doit consommer tel « régime alimentaire ».


Photographie du magazine sur l'alimentation.

Le monde compte plus d’un milliard d’obèses

Cette infographie à l’échelle mondiale sur l’obésité souligne l’augmentation très forte du taux d’obésité dans le monde. Les États-Unis figurent parmi le premier pays au monde à atteindre le plus d’obèses, et ce depuis les années 1970 à cause de sa malbouffe. Le Vietnam à l’opposé est le pays où l’obésité est la plus faible grâce à son régime alimentaire peu calorique (riche en poissons, fruits et légumes, pauvre en graisses et en viande). Parmi l’Europe, la France est bonne élève : 10% des Français. Les causes sont connues : la malbouffe, les produits ultra-transformés qui sont commercialisés partout dans le monde. Le Mexique par exemple voit son taux d’obésité augmenter à cause de l’arrivée des produits américains dans son pays, comme les îles Tonga. Aussi, c’est parfois l’obstacle économique qui joue : en Egypte, les aliments sains coûtent plus chers que les aliments malsains (et ce généralement dans les pays pauvres), ainsi le pays voit son taux d’obésité augmenter. Ce problème de santé est aussi un problème sanitaire et économique : 3000 milliards de dollars pour 2030, 18 000 milliards pour 2060. 43% des adultes dans le monde sont en surpoids et ou obésité.


Infographie sur le taux d'obésité dans le monde.

La ménopause : nouvelle théorie

La ménopause est un phénomène biologique qui touche les femelles de certaines espèces. Elle se définit comme l’arrêt du cycle ovarien et de leur capacité de reproduire. Les nouvelles découvertes scientifiques remettent en perspective nos connaissances. Nous pensions d’abord que la ménopause était un phénomène touchant quelques rares espèces, dont Homo sapiens. Or, il semble beaucoup plus répandu que nous le pensions. Le problème étant que souvent les individus ne vivent pas assez longtemps pour l’atteindre. Mais à quoi sert ce processus de ménopause ? D’abord, on a réfléchi à l’effet « grand-mère ». L’idée étant que les femelles vieillissantes qui sont stériles à cause de la ménopause aident le groupe en s’occupant des plus jeunes mères, et à aider leurs petits. Une nouvelle théorie, complémentaire, s’y est ajoutée. Ce phénomène qui permet d’arrêter de donner naissance évite que les plus jeunes soient en compétition avec d’autres pour des ressources limitées comme la nourriture.


Photographie de la ménopause chez les animaux.

Manipulations génétiques : la Chine va-t-elle trop loin ?

L’article enquête sur les zones grises des manipulations génétiques : ce qui est permis, et ce qui est de l’éthique et de la morale. Le prisme de la Chine semble presque évident : en novembre 2018, un chercheur chinois a donné naissance aux premiers bébés génétiquement modifiés (toujours en vie) sans même en avertir les parents et contre toute législation, il est actuellement en prison. Les recherches génétiques médico-légale des populations effectuées en Chine concernant surtout les Ouïgours et les Tibétains – des peuples que la Chine surveille, contrôle et asservi – alors qu’ils ne représentent moins d’1% de la population… Plus, la suspicion aujourd’hui réfutée qu’il y a eu sur l’origine du Covid-19, virus qui aurait été libéré d’un laboratoire chinois – ce qui est contredit pour la plupart des scientifiques. L’article rappelle que la Chine fait attention à ne pas être mis au ban des laboratoires scientifiques et que les expériences menées en Chine pourraient bien l’être dans les pays Occidentaux également, s’il y avait assez d’investissements financiers. Une fois ce cadre posé, que ce sont ces zones grises, ces recherches autorisées par la loi mais dont l’éthique et la morale pourraient susciter un débat dans l’opinion publique ? Qu’est-ce qui est en réalité autorisé, et ce qui ne l’est pas ? Quelles sont les limites morales ?

On peut définir l’éthique comme se demander, pour un chercheur, si son expérience est moralement acceptable et s’il peut la réaliser. Cette éthique évolue dans le temps, avec des valeurs morales et des attentes sociétales, et toutes les sociétés ne disposent pas des mêmes valeurs. Par exemple, en Asie, les valeurs confucéennes et du bouddhisme recherchant le culte de la performance et l’élitisme des sociétés permettent une certaine tolérance es pratiques en biologie de la reproduction : en 2019, dans le Yunnan chinois, des macaques ont été dotés d’un gène humain qui a permis à l’animal d’avoir une meilleure mémoire et des capacités d’apprentissage améliorées. En 2023, en Chine toujours, un macaque chimérique, disposant donc de cellules de deux individus différents, est né mais a été euthanasié quelques jours plus tard.

Face aux avancées scientifiques et aux drames du passé (comme les expériences effectuées sur les prisonniers dans les camps de concentration par le régime nazi), la législation internationale a évolué vers plus d’encadrement. En 1947, le « code de Nuremberg » décrit qu’une expérience sur l’humain doit respecter des conditions « acceptables » : le consentement, l’absence de souffrances, le ratio bénéfices/risques. Les données personnelles et échantillons biologiques sont protégés en 1964. En 1997, l’OMS se dit opposé au clonage humain. En 2020, la Chine a interdit les recherches sur les embryons humains depuis l’expérience des jumelles génétiquement modifiées. Lorsqu’un embryon humain est cultivé pour les recherches, un principe éthique veut que l’embryon ne soit pas cultivé plus de 14 jours pour ne pas trop qu’il se développe. La question de la souffrance animale est aussi une ligne rouge éthique. La Chine avait le droit d’implanter une cellule humaine dans un macaque, c’est aussi autorisé pour le Japon, les Etats-Unis, la France. Mais au-delà de l’argent qu’il faut investir, les chercheurs sont confrontés à la question de la souffrance animale. Et quand bien même ils le feraient, il faudrait également faire attention à l’opinion publique. Ceci dit, la législation n’impose pas encore de réel cadre quant à la souffrance potentiellement induite des expériences génétiques.

Photographie sur la législation des manipulations génétiques en Chine.

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