Les éditions Eyrolles ont fait paraître en février le livre de Sébastien Abis et Pierre Blanc : La géopolitique de l’agriculture en 40 fiches. Après l’avoir lu, petite recension de manuel pertinent tant pour les étudiants que pour les enseignants.

Géopolitique de l’agriculuture
Auteur : Sébastien Abis, Pierre blanc
Éditeur : Eyrolles (collection dirigée par Pascal Boniface)
Genre : Géopolitique, géographie
Sortie : février 2023
Nationalité : France
Pages : 184 pages (format poche en mode paysage)
Prix : 18,90€
Résumé : L’agriculture est au coeur de la géopolitique. Combien de conflits s’enracinent dans une terre disputée ou dans une eau rare ? Combien de révoltes sont aussi celles de la faim ? Peut-on rêver de souveraineté ou de puissance sans sécurité alimentaire ? Ces questions traversent l’histoire contemporaine et resurgissent au fil de l’actualité. Des clichés à la réalité, cet ouvrage nous parle de lieux, de faits et de chiffres pour nous aider à y voir plus clair. Spécialistes incontestés, les auteurs proposent 40 fiches documentées pour cerner les enjeux et les défis de cette activité ancestrale et universelle. L’ensemble est illustré de cartes, de graphiques et de tableaux. Cette nouvelle édition fait le point sur un monde bouleversé par les récents événements, notamment la guerre en Ukraine.
Tour du monde de l’agriculture en quatre partie
La première partie de La géopolitique de l’agriculture de Pierre Blanc et Sébastien Abis aborde les « tendances planétaires ». Le contenu ressemble à un joli cours de géographie de licence qui offre une synthèse générale des défis liés à l’agriculture. Quelques exemples sans être exhaustif : les problèmes démographiques (explosion d’une population qu’il faut nourrir, vieillissement des agriculteurs dans les pays développés), les lieux de production et d’importation (à l’échelle mondiale, des pays sont dépendants de certaines régions du monde ; à l’échelle nationale, les villes ne produiront jamais assez de vivres, elles dépendent des campagnes), les problèmes liés à la faim ou à l’obésité (les notions de sous-nutrition et malnutrition sont abordées)…
La deuxième partie évoque les conflits d’hier (Antiquité, première et seconde guerres mondiales) et d’aujourd’hui. Cette partie géopolitique aborde les rivalités entre les pays, entre les propriétaires, entre l’État et ses pays ou encore l’état des terres en période de conflits. Quelques exemples contemporains renommés sont parcourus comme les conflits entre les pasteurs et les agriculteurs dans l’Afrique sahélienne sur fond de désertification, le conflit entre Israël et les pays arabes lié au fleuve du Jourdain ou encore une fiche à propos des terres fertiles de l’Ukraine. L’histoire n’est pas sans reste sur ces conflits contemporains, les auteurs rappellent les contextes historiques, telle la colonisation pour expliquer la ségrégation agricole qui sévit en Afrique australe.
La troisième partie aborde les puissances et stratégies des acteurs autour de l’agriculture. Ainsi, le pouvoir vert des États-Unis déclinant est expliqué, tout comme le processus de front pionnier du Brésil ou encore les nouvelles dépendances de la Chine liées à l’augmentation du mode de vie de sa population. L’idée entre autres est de raconter que les acteurs ont fait et peuvent faire la guerre pour posséder des terres, ou à l’inverse le manque de terres pouvant provoquer les conflits. Que la sécurité alimentaire et son indépendance sont deux notions que chaque acteur essaie de mettre en place, mais que seule la paix est le contexte le plus favorable pour y arriver.
La quatrième partie relate les défis, transitions et fragilités de l’agriculture contemporaine. Comment le monde paysan affronte et peut affronter les défis actuels et à venir ? Des chapitres plus originaux y sont dédiés comme la lutte syndicale des paysans qui ne pourrait être profitable que si elle est mondiale. Un chapitre évoque l’agromafia, c’est-à-dire ces propriétaires siciliens et italiens qui se sont enrichis par leur production alimentaire et qui en plus produisent d’autres cultures illégales. Un chapitre rappelle l’énorme potentiel que possède l’Éthiopie ou encore les difficultés grandissantes des pays du Moyen Orient qui ne sont pas compensées par la diversification de leur économie.



Un livre organisé, accessible mais avec un défaut
Pierre Blanc et Sébastien Abis ont adopté une plume très accessible. Le livre est parfait pour les étudiants en histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, tout autant que les enseignants qui veulent recontextualiser les enjeux de l’agriculture et se décentraliser. Je dirai même que le livre est tout à fait pertinent pour des lycéens, d’autant plus s’ils font HGGSP.
Un chapitre est une fiche de 3-5 pages. Un petit contexte historique permet d’appréhender le sujet. Les explications sont pertinentes mais restent générales : ce n’est pas dans la Géopolitique de l’agriculture que vous retrouverez beaucoup de détails. Néanmoins, certaines études de cas sont plutôt bien résumées. Le chapitre se termine sur un focus, un « à retenir » et un objet graphique.
Le défaut se situe sur l’objet graphique. Effectivement, la carte, le graphique, le schéma est souvent un peu simple. J’aurais aimé avoir des documents plus pointus et plus complets, surtout pour un ouvrage de géopolitique.





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