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Dans son livre, Antoine Houlou Garcia aborde la question du rapport science-politique au sein du gouvernement et plus précisément quelle place doit avoir la science au sein du monde politique à l’heure où aujourd’hui, une forte défiance envers celle-ci alimente la société et même parfois des hommes d’État (Donald Trump).


  1. Cadrage du livre La politique
  2. Le savoir comme arme de pouvoir
  3. La place de la science dans la politique
  4. Faire de la science une politique

Cadrage du livre La politique

Dans son manuel, le théoricien politique Antoine Houlou-Garcia propose à partir d’idées reçues de discuter sans imposer sa vision de notre politique. Utilisant l’histoire comme proposition d’autres alternatives ou comme base de réflexion, il nous permet de prendre du recul sur notre modèle de vie politique en comprenant ce qui se faisait par le passé ou à l’étranger. Accessible de préférence dès les études supérieures et pour ceux qui ont une bonne base en culture politique.


Lecture conseillée et source :
_ Antoine Houlou Garcia, La politique, éd. Albin Michel, 2022. Chapitre 3, p. 81-117.
Aucune analyse ne m’appartient dans ce billet, il n’est qu’une synthèse des idées de l’auteur.


Le savoir comme arme de pouvoir

Dans son chapitre, Antoine Houlou Garcia raconte une histoire antique, celle d’une discussion entre Socrate et Glacon, jeune frère de Platon, qui souhaite se lancer en politique. Glacon se fait harceler de questions sur la gestion des ressources alimentaires, militaires et économiques du pays, des domaines essentiels pour l’époque. Glacon ne sait pas y répondre et Socrate lui fait comprendre que pour gouverner un pays, il faut impérativement en connaître les spécificités. Le gouvernement composé de savants s’est peu à peu constitué au fil du temps. À l’époque moderne, particulièrement aux XVIIe-XVIIIe siècles quand la science moderne (en rupture avec la théologie) se développait ainsi que les académies, lieu d’élaboration et de transmission du savoir, les savants sont devenus conseillers des différents rois et ont pris une place importante dans les décisions et les innovations. C’est à cette période qu’il y a eu une émergence de la technocratie.

La place de la science dans la politique

La technocratie est ce système de gouvernement qui entend mettre à la tête des ministères des savants. Si de prime abord cela peut paraître une bonne idée, Antoine Houlou Garcia met en avant l’exemple athénien où la science était un domaine dans lequel de nombreux esclaves-savants (et donc non-citoyen, sans droit politique) excellaient. Pour l’auteur, la science devrait être en dehors du gouvernement puisqu’à l’intérieur, celle-ci peut être soumise aux lobbys. En effet, le théoricien politique rappelle que les deux notions sont différentes et n’ont pas la même vocation. La science sert à décrire et à expliquer des faits tandis que la politique est une prise de décision pour régler des situations qui ne seront pas des solutions parfaites. La science a besoin de temps pour étudier un phénomène, la politique doit répondre rapidement aux enjeux sociétaux : le contraste des deux qui se sont pourtant liées durant la crise du Covid-19 a été remarquable. Ces décisions politiques doivent impérativement s’appuyer sur la science, mais celle-ci doit être rester la plus objective possible et ne pas être l’outil d’un manque de transparence qui alimenterait la crise de défiance envers la science. En conséquence, la science doit servir la politique mais pas en être sous le contrôle.

Faire de la science une politique

Dans les cas les plus extrêmes d’ailleurs, la politique peut totalement être fondée sur la science. Antoine Houlou Garcia en donne deux exemples, un mélioratif et un péjoratif. Le premier est celui de Saint-Simon qui a impulsé au XIXe siècle le socialisme utopique et le libéralisme. La doctrine saint-simonienne reposait sur l’idée que les innovations scientifiques provenant du monde entier allaient répondre aux besoins essentiels des populations à l’échelle mondiale et contribuer à l’amélioration générale des conditions de vie. La révolution industrielle, le libre-échange, l’égalité des sexes étaient des facteurs pour impulser cette politique et tout un gouvernement basé sur des centres d’invention, d’expertise ou d’exécution dirigés par des savants était imaginé. Antoine Houlou Garcia raconte d’ailleurs une histoire dans laquelle le scientifique par son savoir est bien plus irremplaçable qu’un aristocrate dont la perte ne serait que purement sentimental. Le deuxième exemple, péjoratif, est l’exemple de l’eugénisme. Cette doctrine politique basée sur la science fut élaborée par Francis Galton au XIXe siècle, le cousin de Darwin, et consiste à éliminer de la société toute personne dont les codes génétiques ne représentent pas ce que souhaitent le gouvernement. Cela peut être des critères de santé, raciaux, ethniques, culturels… Cette politique a été mise en oeuvre et les dérives sont aujourd’hui connues à travers la politique du IIIe Reich d’Hitler ou encore du génocide indien des États-Unis. Ainsi, quand la politique est basée sur la science, elle peut mener tout aussi bien a d’essentiels projets que de dangereuses dérives.

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