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C’est sans doute la série de mangas avec les plus belles couvertures que j’ai vues de ma vie. Terrarium publiée chez Glénat en quatre tomes s’intéresse à un monde en perdition : l’Arcologie. Pour sauver le monde dans lequel ils vivent, Chino et Pino sont envoyés en mission. Leurs aventures les amènent à se questionner sur la différence entre l’humain et le robot.


Saga : Terrarium / Scénario : Yûna Hirasawa / Dessin : Yûna Hirasawa / Genre : Post-Apo / Éditeur : Glénat / Sortie : 2019

Synopsis : Chico, la technologue d’investigation et son petit frère Pino arpentent des colonies délabrées où des robots poursuivent leurs tâches comme si de rien n’était. Les deux explorateurs tentent de les accompagner dans leurs derniers souhaits, mais à quoi bon quand la fin approche d’heure en heure ? “Combien de centaines d’années faudra-t-il encore aux humains pour devenir meilleurs ?” C’est la question soulevée par ce récit d’aventure SF crépusculaire.


De la puissance de l’image : un monde qui touche à sa fin

Chico, une humaine quelque peu modifiée, et Pino, un robot sont envoyés en mission par l’administration centrale pour retrouver Petthie : leur mère. Elle seule aurait le secret du fonctionnement de la « clé », objet qui reste très mystérieux jusqu’au dernier tome mais qui pourrait sauver le monde dénommé l’Arcologie. En effet, le monde de Chino et Pino est peuplé de colonies en perdition. L’énergie et l’électricité s’amenuisent. Sans la récupération au plus vite de données suffisantes, l’arcologie risque sa chute. Le souci étant que de nombreux arcologues sont portés disparus et que l’administration centrale souhaite abandonner la mission, aux dépens des volontés de Chico et Pino. Le scénario de Terrarium est ainsi intéressant parce qu’ils nous emmènent parcourir un monde qui se dépeuple et dont la plupart des colonies sont quasiment abandonnées. Une mélancolie et une beauté s’en dégagent à travers des lieux remarquablement dessinés et variés : du village caché sous la terre à une décharge à ciel ouvert. Le scénario est intrigant : les réponses sont données petit à petit avant les révélations du dernier tome. Je regrette que l’aspect politique de la mission n’ait pas été mis plus en avant parce que cela aurait pu apporter bien davantage d’intrigues.



De la puissance des émotions : de l’empathie pour les robots

Terrarium possède une écriture puissante puisqu’elle nous fait dégager des émotions, particulièrement de l’empathie, pour de « simples » robots. On le remarque dès le premier tome lorsque Chico et Pino doivent faire des choix dont les différentes réponses sont inconciliables. Il s’agit souvent de devoir mettre un terme à la vie du robot pour récupérer ses données. Mettre un terme à sa vie signifie mettre fin à sa conscience et à sa volonté – même si celle-ci a été détraquée par le temps. La question de la conscience est un premier pas vers la définition de l’humanité, une question qui se pose en filigrane derrière ces tomes.



De la puissance de l’esprit : réfléchir sur l’humanité

La question de la frontière entre l’humain et le robot est posé depuis un certain temps déjà. La première oeuvre qui m’a véritablement marqué sur ce sujet reste Blade Runner, film sortie en 1982. Ridley Scott y définissait l’humanité par la construction d’une mémoire douée de sensibilité par les robots. Ceux-ci étaient humains à partir du moment où ils avaient des émotions. L’auteur Yûna Hirasawa se pose la même question. La frontière entre l’humain et le robot existe-t-elle ? Du premier au quatrième tome, cette question et pose et au fur et à mesure des choix qui s’imposent à Chico et Pino dans Terrarium, des éléments de réponse nous sont donnés. Voici une interprétation qu’on peut en faire. Pour Hirasawa, l’humanité s’explique et se définit par l’expression d’émotions, par la conscience et par la liberté d’action. Le robot se définit par une machine dont le code le fait agir, il n’est ainsi pas libre d’action. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’a aucune émotion. Dans l’arcologie, les robots ont pu se dotés d’une conscience humaine. La conscience est la possibilité d’exprimer des émotions et une volonté. L’humanité se définit ainsi par ces trois éléments. Hirasawa dans Terrarium va encore plus loin d’ailleurs. Dans son histoire, il fait rencontrer plusieurs humanités : la problématique devient encore plus complexe mais a le mérite de préciser davantage la définition de ce que c’est qu’un « être humain » au temps de la maîtrise de la technologie.

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