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Vous avez forcément déjà entendu ce terme de « casseur » lors de manifestations où la presse sensationnaliste se gave de péripéties violentes. Pourtant, ce terme est à bannir, surtout dans le contexte actuel du mouvement des gilets jaunes. 


La colère du peuple

Il faut peut-être déjà étudier le contexte de cette situation avant de se lancer dans l’analyse. Voilà quelques semaines que le mouvement des gilets jaunes s’est formé à l’aide des réseaux sociaux et popularisé par les médias sans aucun leader. Mouvement complètement populaire et présent dans la France entière qui n’est pas seulement une colère contre la hausse du prix des carburants mais contre l’injustice, notamment fiscale et sociale, qui règne en France. Président méprisant et méprisé, riches se gavant, pauvres souffrant de la faim, confiance inexistante entre politiques et peuple, un gouvernement sourd et inaudible s’engageant dans une politique ne fonctionnant pas. Une colère contre la misère, contre les classes aisées, contre ces grosses entreprises et boutiques de luxe, conte cet État qui semble dilapider l’argent public sous les yeux de ces gens qui galèrent. On pourrait encore rajouter des centaines de causes probablement mais c’est suffisant pour étudier ma question.


L’ambiguïté du mot « casseur »

À chaque manifestation où il y a violence, le mot « casseur » revient très vite, utilisé surtout par le peuple et les politiques, moins par les médias mais qui jouent tout de même un rôle sur ce sujet. Tantôt identifié comme un membre des gilets jaunes, tantôt comme un groupe à part, juste là pour s’amuser, ou pour s’attaquer au capitalisme, une fois d’extrême gauche, une autre d’extrême droite, servant d’une part pour appuyer une ligne politique, d’autre part pour désavouer tout un mouvement, une idée (cf vidéo Agnès Buzyn, invitée de BFMTV ; ou encore article du Monde) . Il paraîtrait même que ce sont des policiers qui se déguisent (cf vidéo ci-dessous). Ces « casseurs » seraient finalement un groupe sociologique mais temporaire, faisant surface à chaque manifestation donc régulier et uniforme. Quel simplisme pour un groupe que personne ne sait analyser ou étudier et pour lequel on donne un nom qui correspond à ses actions.

Cette vidéo semblerait vouloir démontrer que des forces de l’ordre se changent en civil pour devenir des casseurs dans le but de détruire les différents mouvements car les « casseurs » ont mauvaise réputation et donc désavouent une manifestation.
La ministre de la santé minimise les violences en demandant aux gilets jaunes, qu’elle semble croire tous pacifistes, de condamner les violences qui seraient donc, implicitement, les actes d’un autre groupe sans se demander si une partie des gilets jaunes ne seraient pas eux-mêmes les acteurs.

Ce sont des manifestants en colère !

En fait, on parle de « casseurs » uniquement quand il y a un but recherché derrière. Ce serait pour désavouer le mouvement des gilets jaunes, ce serait pour condamner l’extrême gauche, l’extrême droite, ce serait pour dissocier les gilets jaunes et ces casseurs (cf vidéo ci-dessous). Des casseurs mis en exergue par les médias qui cherchent des images sensationnalistes, donc un phénomène médiatisé, c’est-à-dire un phénomène connu sur lequel les gens, notamment les politiques, peuvent s’appuyer pour faire leur discours. N’importe quoi. Cet aveuglement et ce jeu sont dangereux. Le peuple est en colère, le peuple manifeste et ce à des degrés divers, plus ou moins pacifiquement, plus ou moins violemment. C’est le peuple qui se révolte, c’est le peuple qui est mécontent et ce sont les mêmes manifestants qui distribuent des tracts, qui marchent dans les rues, qui défilent, qui chantes, qui insultent et qui cassent. Pourquoi soustraire au peuple ces « casseurs » qui ne sont finalement que des manifestants plus violents que les autres ? Mettre dans une catégorie à part ces hommes revient à minimiser la colère des gens. On a la forte impression que pour les politiques, et quelques gens du peuple, le manifestant est celui qui défile avec une banderole gentiment dans la rue, et que le manifestant violent n’est pas un manifestant. Non, c’est faux et surtout face à un gouvernement qui prétend entendre mais qui n’écoute pas le peuple et affirme ne pas changer de cap. Que font ces gens face à des personnes qui ne les entendent pas ? Ils deviennent violents. Ce serait vraiment les prendre pour des stupides de croire qu’ils vont continuer à manifester gentiment dans ce contexte. D’autant plus que cette mobilisation n’est pas uniforme, n’a pas de leader et dont les participants viennent de tout bord, notamment politique. Ce serait une erreur de simplisme de les généraliser, de croire à un mouvement uniforme. Les violences résultent de causes diverses et ont des buts recherchés différents mais elles sont bien l’illustration d’une violence populaire dont la cause principale est la colère à cause de la misère et de ce gouvernement et de cette politique.


Ici, l’auteur de la vidéo tente de faire une distinction entre « casseur » et « gilet jaune » pour démontrer que les gilets jaunes ne sont pas d’accord avec les casseurs, et que ces derniers ne font pas partie des gilets jaunes. Or, la personne frappée porte un gilet jaune.

Cette lutte contre les inégalités est clairement démontrée par cette vidéo. Des manifestants (sans et avec gilets jaunes, vous démonterez que personne ne tente d’arrêter cet acte) renversent cette voiture de luxe, parmi des dizaines d’autres véhicules attaqués.

Nous avons ici un exemple très intéressant où le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, minimise la colère du peuple en prétendant que ceux « venus pour blesser, dégrader, piller, tuer » ne sont pas des gilets jaunes, ne sont pas ce fameux peuple en colère avec des revendications et qui implicitement, il essaie d’affirmer que les gilets jaunes sont pacifiques, sans violence, manifestant sourire aux livres. 

Comme dit précédemment, il y a une insistance sur cette minimisation des violences et de la colère du peuple. Mais il y a aussi un paradoxe : à chaque manifestation, le gouvernement propose un dialogue sauf qu’Emmanuel Macron affirme encore et toujours de ne pas changer de cap. Preuve de la surdité de l’exécutif et d’une grande démagogie hypocrite.

En somme, le terme de « casseur » ne sert qu’à regrouper dans une même case une multitude de causes, de personnalités et d’objectifs différents. Terme dangereux puisqu’il permet, dans un objectif politique recherché, de minimiser la colère du peuple qui est déjà grande pour la donner à un groupe qui ne serait, finalement, qu’une minorité. Cette dénomination n’a que l’objectif de dévaloriser un mouvement alors que ces actes ne sont que l’illustration d’un peuple en colère. Mais quand on regarde l’Histoire de France, ce sont ces minorités les plus violentes qui sont à l’origine des grandes révolutions politiques. Attention aux raccourcis, au simplisme et à la généralisation et si vous estimez que le terme n’est pas à proscrire (vous avez tort), utilisez-le au moins avec des guillemets.



À travers cette interview, BFMTV prétend interroger un casseur qui livrerait les causes et l’objectif de ses actes. Or, ce personnage reprend tous les clichés du « casseur » et son jeu d’acteur semble plutôt minable, comme l’ont remarqué des milliers d’internautes sur ce tweet (cf réactions ci-dessous). Mais à qui profite cette fausse interview ? Deux choix : l’Etat qui peut ainsi rejeter la faute sur les casseurs et minimiser la colère populaire, ou l’extrême-droite pour qui la lutte contre ces jeunes de banlieue sans foi ni loi, encore mieux s’ils sont étrangers ou ayant des origines leur forme une base électorale.


Mes réponses aux différentes critiques et questions


Les médias ont une part de responsabilité dans toutes ces violences qu’ils exacerbent en cherchant le sensationnalisme. L’ironie est donc de rejeter le discrédit sur les autres.

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